À propos du mot "angakkuq" (chamane)
October 06, 2012
Kellipalik Etidloie,
Chamane, 2012.
http://www.inuitartzone.com/Shaman_by_Kellipalik_Etidloie_p/560m.htm
Que signifie le mot angakkuq?
Nutaraaluk : Il y avait deux types d’
angakkuit. Ceux qui utilisaient leurs pouvoirs pour tuer les gens et ceux qui essayaient d’aider les gens en les soignant. Ces
angakkuit étaient plus puissants que les docteurs parce qu’ils pouvaient ramener à la vie une personne décédée. C’était comme ça. Ce sont les choses que j’ai entendu dire à propos du chamanisme. Je n’ai jamais vu moi-même d’
angakkuq en train de pratiquer, mais je crois fermement que les
angakkuit pouvaient attirer les animaux sauvages. Ils pouvaient descendre voir Sedna pour découvrir pourquoi le gibier restait là-bas, en bas. Ils pouvaient lui demander pourquoi elle retenait tous les animaux chez elle. Même les caribous pouvaient y être retenus. Si on avait manqué de respect aux animaux d’une manière ou d’une autre, alors les chasseurs ne trouvaient plus de gibiers. On devait bien se comporter avec les animaux, car quand on agissait mal avec eux, ils disparaissaient. C’est ainsi que je peux le mieux décrire ce que le mot
angakkuq signifie. Quand j’ai été en visite à Puvirnituuq, j’ai dit que j’étais content qu’il n’y ait plus d’
angakkuit, mais on m’a répondu que dans chaque communauté il y avait un
angakkuq et que les
angakkuit existeraient toujours dans chacune des communautés. C’est ce qu’on m’a dit.
Est-ce qu’aujourd’hui il y a encore des angakkuit qui s’en prennent aux gens pour les tuer, ou qui leur jettent de mauvais sorts?
Nutaraaluk : Il y a une période où j’étais heureux de savoir qu’il n’y avait plus d’
angakkuit parce que les communautés semblaient saines et organisées. Autrefois les communautés trouvaient des solutions à leurs problèmes. Il y avait des
angakkuit qui tuaient des gens, d’autres qui soignaient et d’autres qui s’occupaient du gibier. Mon père avait l’habitude d’aller voir Sedna [dans l’au-delà sous-marin] pour libérer le gibier. Mon père était un
angakkuq très puissant, avant sa conversion au christianisme. Mon père n’avait jamais essayé de tuer des gens parce qu’il ne voulait pas que ça le gêne quand il s’efforçait de sauver la vie de quelqu’un. Mon père m’a dit qu’il avait sauvé une personne qui était très malade et qui était sur le point de mourir. Mon père ne craignait pas de me parler de ses pouvoirs. Tunukallak est la vieille femme qui a fait de lui un
angakkuq très puissant. Mon pèrel’aidait chaque jour et c’est pour cela qu’elle a fait de lui un
angakkuq. Tunukallak était une femme
angakkuq très puissante.
À la période où les premiers
Qallunaat ont commencé à venir ici, à Nuvuk [ Nunavik], dans leurs bateaux à voiles, un bateau s’est échoué. Au début les gens ont commencé à essayer de les sauver, mais plus tard, parce qu’ils voulaient s’approprier leurs couteaux et d’autres choses, ils les ont tués pendant la nuit. Ils ont mis de longues mitaines à leurs victimes pour pouvoir les tuer plus facilement. Ils ne savaient pas qu’ils auraient été récompensés s’ils les avaient sauvés. Ils voulaient s’approprier tout le métal qu’ils pouvaient trouver.
Texte extrait de :
SALADIN D'ANGLURE, Bernard (Dir.), 2002,
Entrevues avec des Aînés Inuit. Volume 4. La Cosmologie et le Chamanisme Inuit, avec la participation de Mariano et Tulimaaq Aupilaarjuk, Bernard Saladin d’Anglure et les étudiants qui ont participé au projet : Susan Enuaraq, Aaju Peter, Bernice Kootoo, Nancy Kisa, Julia Saimayuq, Jeannie Shaimayuk, Mathieu Boki, Kim Kangok, Vera Arnatsiaq, Myna Ishulutak et Johnny Kopak; et Denise Nevo, Iqaluit: Nunavut Arctique College, pp. 10-11.