Les débuts de l'estampe dans l'Arctique canadien oriental
March 16, 2013
ANNÉES 1950: LES ANNÉES EXPÉRIMENTALES
(Ce texte est extrait du site web du Musée canadien des civilisations :
http://www.civilisations.ca/estampescapedorset/histoire/annees-1950.php)
Sans titre, Pitseolak, Peter,P-176, Photo © MCC
Avant 1957, les œuvres picturales sur papier étaient rares dans l’est de l’Arctique canadien, même si certaines personnes comme
Noogooshoweetok et
Peter Pitseolak ont à l’occasion réalisé des dessins et des aquarelles lorsqu’elles disposaient du matériel nécessaire. Malgré la rareté du papier, une solide tradition graphique a existé pendant des siècles chez les Inuits. Des dessins gravés sur l’ivoire, la pierre et des cornes de bœuf musqué – des motifs décoratifs sur des outils et des amulettes évoquant le monde spirituel et le monde animal – remontent à plus de mille ans. Des appliqués sur des vêtements de peau et des sacs cousus par des femmes inuites témoignent d’une tradition graphique tout aussi florissante dans la couture des peaux de phoque et de caribou. Ces traditions se sont perpétuées jusqu’à aujourd’hui avec des matières tant modernes que traditionnelles.
James Houston près d'une maison, photo Peter Pitseolak, 1950-1955, 2000-1531, Photo © MCC
La gravure a été introduite à Cape Dorset à la fin de 1957 par
James Houston (1921–2005), artiste, auteur et administrateur civil de la région méridionale de l’île de Baffin. Dans l’atelier d’artisanat nouvellement construit de Cape Dorset, Houston, avec le concours d’Osuitok Ipeelee (1922–2005) et de Kananginak Pootoogook (1935-2010) a commencé à faire des expériences de gravure sur tissu et sur papier en se servant de motifs simples découpés dans des carreaux de sol en linoléum.
Les premiers résultats étaient encourageants. Osuitok Ipeelee et Kananginak Pootoogook ont été rejoints à l’atelier de gravure par Iyola Kingwatsiak (1933-2000), Lukta Qiatsuk (1928-2004) et Eegyvudluk Pootoogook (1931-2000), et par le traducteur Joanassie Salomonie (1938-1998). De la fin de 1957 jusqu’à la fin de 1958, ces artistes ingénieux ont poursuivi leurs expériences avec les quelques matières disponibles et ont créé une
collection expérimentale non cataloguée d’environ vingt estampes sur papier gravées
en relief et
au pochoir. Douze de ces estampes ont fait l’objet à l’automne 1958 d’un marché-test par l’intermédiaire du grand magasin de la Compagnie de la Baie d’Hudson à Winnipeg (Manitoba), où elles ont soulevé
l’enthousiasme.
Hibou, Qiatsuk, Lukta, 1959, CD 1959-004 SC, Photo © MCC
James Houston, qui souhaitait retourner dans l’Arctique avec une connaissance plus approfondie de la gravure, s’est rendu étudier cet art au Japon de novembre 1958 à février 1959 auprès du maître de la
gravure sur bois Un’ichi Hiratsuka (1895–1997). De retour à Cape Dorset, Houston a transmis aux graveurs inuits ce qu’il avait appris au Japon. Adaptant et inventant, les artistes de Cape Dorset ont élaboré leurs propres façons de réaliser des estampes au pochoir et en relief sur pierre. Les graveurs inuits ont créé leur première collection officielle cataloguée d’estampes en 1959. Elle comptait 41 œuvres. La présentation de ces œuvres d’art au public en février 1960 au Musée des beaux-arts de Montréal a été entourée d’un grand battage publicitaire. Entre-temps, pour mieux administrer leur entreprise encore balbutiante, les artistes de Cape Dorset ont formé une association coopérative, la
West Baffin Eskimo Co-operative, toujours active aujourd’hui.
Le lapin qui mange des algues, Ashevak, Kenojuak, 1958-1959,
CD 1959-008 SS, Photo © MCC
Trois caribous, Niviaksiak, 1957, UN CD 1957/58-003 EXPE, Photo © MCC
Ce texte est extrait du site web du Musée canadien des civilisations :
http://www.civilisations.ca/estampescapedorset/histoire/annees-1950.php
Nous vous recommandons ce site qui offre de nombreuses informations, incluant des entrevues avec des artistes inuit.